Michel Schweizer, chorégraphe et metteur en scène, aime se confronter à des publics qu’il ne connaît pas ou très peu : c’est ainsi qu’il a monté des pièces avec des danseurs classiques, des maîtres chiens, des philosophes, et dernièrement Cheptel avec des adolescents.
Période de remise en question perpétuelle de soi-même, des règles et de ce que disent les adultes, l’adolescence est avant tout une étape de la vie synonyme de premières expériences pour beaucoup. Michel Serres en parle comme d’une « période d’intense basculement » et je ne peux que lui donner raison.
Sur scène, ce sont huit adolescents pleins de spontanéité et de joie de vivre qui nous font partager, à travers leurs échanges, leurs questionnements, leurs doutes, leurs craintes, mais aussi leurs rêves. Pour certains, ils sont accessibles mais pour d’autres ils se doivent d’être inatteignables. À travers ces réflexions et leurs différents points de vue, ils nous donnent des leçons et réussissent à nous apprendre même des choses sur nous-mêmes.
Mon adolescence n’est pourtant pas très loin, mais certains sujets abordés sur la manière de considérer les adolescents m’ont touchés. Le point de non retour, les choses à ne pas forcément dire, le fait d’essayer de se mettre à leur place pour penser comme eux plutôt que de leur demander directement ce qu’ils en pensent… Autant de choses que l’ont fait sans trop y penser ni même se remettre en question alors que nous ne le ferions pas avec quelqu’un de plus âgé.
L’amour, sujet important de cette tranche d’âge, est abordé assez justement. La réponse donnée par l’un des adultes, à savoir qu’il est impossible de prendre exemple sur le vécu d’une autre personne tout d’abord, mais aussi qu’il est possible de vivre le grand amour à n’importe quel âge, est pour moi une vision véridique mais partagée par trop peu de personnes.
D’autres thèmes, tels que le rapport aux images et aux réseaux sociaux qui sont tout aussi importants pour cette nouvelle génération, sont également abordés. Ils nous parlent aussi de savoirs et de connaissances qu’il faudrait partager, et nous demandent de considérer leurs progrès par rapport à eux-mêmes et non par rapport aux autres.
Ces huit jeunes ont du talent : ils savent chanter, jouer la comédie et pour certains d’un instrument. Le résultat est un spectacle intelligent et instructif que je vous recommande, malgré quelques passages un peu lents.
Cheptel de Michel Schweizer au Lieu Unique les 22 et 23 janvier 2018.